L’arrivée de Pascale au
Canada !
Pascale a 32
ans, elle habite à Tours, en France. Elle est maintenant prof de français. Elle
a fait ses études dans la ville de Tours. Mais pendant ses études, elle est
partie pour un séjour au Canada. Elle raconte ici son arrivée à Vancouver.
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AUDIO (7 minutes 11) :
Écoutez l'interview de Pascale.
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TRANSCRIPTION :
Vous pouvez
aussi lire la transcription (en écoutant l’interview une dernière fois) pour
mieux comprendre comment Pascale s’exprime.
Gabrielle : Tiens Pascale, tu es (a) allée au Canada, toi, il me semble ?
Pascale : Oui. C’est vrai. Il y a (b) longtemps maintenant.
J’étais jeune, à l’époque ! C’était en 2003, je crois, à peu près. Oui,
c’était la rentrée 2003. Donc on était le premier septembre, quelque chose
comme ça. Et, euh, je venais de, de finir ma Licence (A) d’anglais, j’avais obtenu mon diplôme, fièrement (1). Et pour ma Maîtrise (B), j’avais décidé, (Maîtrise
d’anglais, toujours) j’avais décidé de faire un, un échange interuniversitaire
entre l’université de Tours et une université à Vancouver, au Canada, donc
partie anglophone. Et me voilà partie, au Canada, à Vancouver, donc ! Et
je suis… donc j’ai pris l’avion, évidemment
(2), pour y aller, sauf que (3) je n’avais pas encore prévu le logement ! Je ne sais pas
pourquoi d’ailleurs (4) maintenant ! Avec l’âge, je me
dis « Mais qu’est-ce que c’est que cette expérience ?! » mais en
2003, j’avais à peine 23 ans, et je crois qu’à cet âge-là, on croit que rien
n’est grave et que tout est possible ! Ce qui est vrai, peut-être…
Gabrielle : Pourquoi pas ?!
Pascale : Oui. Et euh, et donc je suis
partie, donc j’ai, j’ai pris l’avion, je ne sais plus combien il y avait (c) de vol, d’heures de vol… Peut-être 12 heures en tout parce
qu’il y avait un changement aux États-Unis. Donc je suis arrivée à Vancouver
en, en pleine nuit ! Il était, je sais plus, une heure du matin, quelque
chose comme ça. Et en arrivant à l’aéroport, en pleine nuit, je me suis… c’est
là où je me suis posé la question « Bon, où est-ce que je vais
dormir ?! ». Donc j’avais mes gros sacs, parce que je partais quand
même pour une année scolaire ! Et dans l’aéroport, il y avait des, des
personnes qui, cherchaient des, des, des voyageurs pour les accueillir chez eux
un peu comme un « bed and breakfast » mais informel, officieusement
un « bed and breakfast ». C’était pas du tout officiel. Et donc, je
suis tombée sur un homme comme ça qui, qui cherchait, euh, des personnes pour,
pour, pour gagner un petit peu d’argent. Il louait une chambre chez lui. Et
donc j’ai, j’ai dormi (alors en tout
bien tout honneur (5), on est d’accord, il était avec sa femme) et donc
j’ai dormi chez eux cette nuit-là. Et le lendemain matin, je me suis dit
« Bon, ben, maintenant, il faut que je
trouve (d) un logement pour mon année, mon année scolaire ». Et
j’avais… donc il y avait un site Internet, je crois que c’était un site Internet
un peu aussi interuniversitaire, comme ça, où il y avait… Donc j’étais pas
totalement inconsciente, je savais qu’il y avait ce site Internet-là, sauf que
je ne l’avais pas consulté avant de partir, je l’ai consulté le jour-même, enfin (e) le lendemain. Et quand je
l’ai consulté, j’ai vu qu’il y avait une, une maison à louer, pour des
étudiants, une petite maison, dans un lotissement
(6), pas très loin de l’université.
Et… On pouvait prendre le bus, du lotissement jusqu’à l’université, et on
mettait peut-être 10 minutes-quart d’heure. Donc c’était vraiment l’endroit
idéal : jolie maison canadienne, parfaite. Et donc j’ai, j’ai téléphoné,
aux, aux propriétaires. Donc ils m’ont donné rendez-vous, je, je leur ai dit
que je venais dans la matinée. Donc j’ai pris un, un taxi, je crois à ce
moment… Non, c’est le, c’est l’homme du « faux bed and breakfast »
qui, qui m’a emmenée, il était très gentil. Je lui ai expliqué la situation et
donc il m’a emmenée. On a chargé les sacs dans son coffre (7), donc j’avais
vraiment, je crois, deux ou trois gros sacs énormes qu’on a chargés dans le
coffre. On a trouvé, donc, la maison dans ce petit lotissement. Et donc quand
le taxi est arrivé, les propriétaires sont sortis pour m’accueillir. Et euh,
moi je suis sortie du taxi. J’ai, euh, vidé le coffre avec mes sacs… et… et le
taxi est parti, et moi, j’étais sur le trottoir avec mes, mes trois sacs et là,
les propriétaires m’ont regardée et je crois qu’ils ont compris que je venais
pas juste visiter, c’est qu’ils étaient obligés de me prendre. J’avais pas
d’autre solution, c’était comme ça. Je crois que j’avais même pas imaginé qu’ils
puissent me dire non. Dans ma tête… Ouais, on, on agit vraiment bizarrement, je
crois, quand on est à l’étranger, je crois qu’on prend des risques sans s’en
rendre compte et on fait des choses qu’on ne ferait pas, je crois, dans, dans
notre propre pays ! Et je crois que
le, le manque de confort, en règle générale, nous fait faire des choses assez
osées, on a plus, voilà, on a moins peur de faire les choses, on tente et on se
dit « On verra bien »…
Gabrielle : Et on ose (8) plus.
Pascale : Et on ose plus, oui, tout à fait.
Et, et donc heureusement, je suis tombée sur un couple de propriétaires très
sympa. Je crois que les Canadiens sont très sympa en général. Et…en tout cas à
Vancouver, ils l’étaient. Et donc ils m’ont accueillie, on est rentrés avec mes
sacs, ils m’ont fait faire le tour du
propriétaire (9). Et à la fin, on a pris un café. J’ai même pas attendu
quoi que ce soit, j’ai pas attendu qu’ils me posent de questions ou rien et je
leur ai dit directement : « Bon, ben, moi ça me va, donc
j’emménage » alors que c’est pas à moi de dire ça normalement, c’est eux
qui doivent dire « Bon, on va réfléchir » (C). Et non, moi, je m’imposais. Et, et donc la question s’est pas
posée, c’est-à-dire qu’ils m’ont, voilà, ils m’ont offert – enfin (e), offert, j’ai loué quand même
– la chambre. Et c’est que après quand je connaissais mieux les propriétaires
qu’ils m’ont raconté leur point de vue, leur vision de mon arrivée et je
m’étais pas rendu compte de tout ça. Et c’est eux qui m’ont dit « Quand on
t’a vue arriver avec tous tes sacs, on s’est dit Mais qu’est-ce qu’elle fait ? ». Et quand ils ont compris
que j’étais française, ils ont compris la situation et en fait, ça les a
touchés, ils ont trouvé ça touchant et en même temps assez drôle. Et ils ont vu
que, voilà, j’étais pas non plus une mauvaise personne et qu’ils pouvaient
avoir confiance. Et donc ça s’est très bien passé.
Et, et finalement,
je suis rentrée beaucoup plus tôt que prévu parce que j’ai pas fait ma Maîtrise, j’ai décidé de… j’ai réalisé (f) que
j’avais pas du tout envie de faire une Maîtrise d’anglais. Donc je suis restée
à Vancouver deux mois ; je suis rentrée ensuite en France, à Tours, et
j’ai commencé mes études pour être professeur
de, de FLE (D). Et voilà.
Gabrielle : Mais cet hébergement était bien et
tu as passé un bon moment !
Pascale : Oui, c’était une maison magnifique,
c’était vraiment une jolie maison. Et en plus, à cette période-là, à Vancouver,
c’était un peu l’été indien et il faisait vraiment très beau, très chaud, et donc
j’ai bien profité de la maison et pas du tout de l’université parce que je m’en
fichais complètement. Et donc c’était quand même deux mois, deux mois assez
sympathiques à, à découvrir un petit peu Vancouver et les, les grands parcs de
Vancouver. Et j’ai vu pour la première fois le Pacifique. Donc c’est, c’était
quand même un bon souvenir.
Gabrielle : D’accord, eh bien écoute, merci
beaucoup pour cette anecdote, très sympa.
Pascale : Merci à toi.
Gabrielle : Et puis je te souhaite une bonne
après-midi.
Pascale : Merci, toi aussi.
Remarques
culturelles :
A/ La Licence : c’est le diplôme qu’on obtient
après 3 ans d’université. Dans le langage courant les gens disent qu’ils ont un
niveau d’études « bac + 3 » (baccalauréat + 3 ans).
B/ La Maîtrise : c’était le diplôme qu’on obtenait
encore à l’époque après 4 ans d’université. Mais depuis, il y a eu une réforme
et la Maîtrise a été remplacée par le Master 1. Maintenant, beaucoup
d’étudiants font un Master 1 puis un Master 2, ils sortent donc de l’université
avec un niveau « bac + 5 ».
C/ Louer un
logement : En France aussi, ce sont les propriétaires qui décident s’ils veulent ou
non accepter un locataire. Pascale aurait dû se douter qu’elle faisait une
« erreur » mais comme elle l’explique bien, elle était dans un état
d’esprit spécial, parce qu’elle arrivait dans un pays étranger, et elle n’a pas
réagi comme elle aurait réagi en France ! Mais comme elle était sincère,
« naturelle », les propriétaires canadiens ont été touchés.
Si vous venez en France et que vous réalisez que vous avez agi
bizarrement parce que vous ne connaissez pas bien les habitudes culturelles, ne
vous stressez surtout pas, n’ayez pas honte. Il suffit d’expliquer que vous
êtes étranger, que vous ne savez pas si vous vous comportez bien, et ça
facilitera les relations avec les gens ! J
D/ FLE =
« Français Langue Étrangère » : c’est
l’étude et l’enseignement du français pour les non-francophones. Les profs
entre eux utilisent souvent cette expression ! Et c’est l’origine du nom
de mon blog : GABFLE = GAB (comme mon prénom, Gabrielle) +
« FLE » !
Remarques
sur la prononciation et les habitudes de langage :
a/ Tu es : comme beaucoup de Francophones, je
dis « t’es ». Mais on écrit « t’es » dans les écrits
informels (dans les SMS, sur Internet…).
b/ Il y a : et comme beaucoup de Francophones,
Pascale dit « y’a ».
c/ Il y avait : et logiquement, (il y avait) se
prononce « y’avait » ! On dira, sur le même modèle :
« y’a eu », « il va y’avoir », « y’aura », etc.
d/ Je trouve : on entend « ch’trouve »,
c’est une prononciation habituelle quand on parle un peu vite ou de façon
informelle. De la même façon, on dit « ch’pense »,
« ch’crois », « chaipas » (= je (ne) sais pas !).
e/ Enfin : quand on veut rectifier ou préciser
une chose qu’on vient de dire, souvent, on dit enfin avant d’ajouter la
précision. Mais dans beaucoup de cas, comme ici, on entend juste
« ‘fin ».
f/ J’ai décidé de… j’ai réalisé :
très
souvent, on commence une phrase avec un mot puis on s’arrête et on continue la
phrase avec un autre mot. Pascale fait ça plusieurs fois dans cette interview. Donc
si vous, vous utilisez un mot qui n’est pas correct, ne paniquez pas, corrigez-vous
tout de suite, ou utilisez un autre mot, et tout ira bien !
Remarques de
vocabulaire :
1/ Fièrement = avec fierté (quand on est satisfait
de soi).
2/ Évidemment = bien sûr.
3/ Sauf que = excepté
que.
4/ D’ailleurs = quand j’y pense.
5/ En tout bien tout honneur = sans intentions sexuelles. Pascale
l’utilise parce qu’elle était prête à dire « J’ai dormi chez lui »,
et qu’elle avait peur qu’on interprète « J’ai dormi avec lui ». En
fait, quand on veut dire qu’il n’y a pas eu de séduction, et le dire avec un
peu d’humour, on utilise parfois cette expression.
6/ Un
lotissement = un groupe de maison construites plus ou moins en même temps et sur le
même modèle.
7/ Le coffre
= la partie de la voiture pour les bagages.
8/ Oser = avoir le
courage mental de faire quelque chose.
9/ Faire le tour du propriétaire = visiter la maison.
2 commentaires:
Bonne interview, et quelle aventuriere!
Merci pour votre commentaire, je le transmets à Pascale ! :-)
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