mardi 2 décembre 2008

DOCUMENT DE COMPREHENSION ORALE pour le niveau B2+ (Ghislain) :


La vie de Ghislain pendant la guerre (4).



Voici la fin de l’interview de Ghislain, qui a 86 ans, au cours de laquelle il raconte son enrôlement pour le service du travail obligatoire (STO) et son séjour en Autriche puis son retour. Il parle ici de l’après-guerre, des relations avec les anciens du STO. Si vous n’avez pas écouté les trois premières parties, je vous conseille de le faire avant d’écouter celle-ci, vous comprendrez mieux l’ensemble.





Première partie

Deuxième partie

Troisième partie


DOCUMENT AUDIO :
Avant d’écouter le document et de faire l’exercice, vous pouvez lire les questions suivantes.


1) Que s’est-il passé le 8 mai ?
2) En Autriche, combien y avait-il d’hommes à peu près par chambre ?
3) Quelle était la proposition initiale du chef de groupe ?
4) Qui est invité aux rencontres ?
5) Combien de rencontres ont été organisées au total ?
6) Que font-ils à chaque fois après le repas ?
7) Quelle personne a initialement contacté tous les anciens du STO ?
8) Après la période en Autriche, qu’ont fait les anciens du STO ?
9) Pourquoi certains ont-ils refusé de participer aux rencontres ?


Écoutez maintenant le document audio (4 minutes 08).







EXERCICE :
Cette dernière partie est plus facile que le début mais j’ai essayé de préparer des questions portant sur de petits détails pour vous compliquer un peu la tâche… ;-)










TRANSCRIPTION :
Après l’exercice, vous pouvez lire la transcription et les remarques pour mieux comprendre le témoignage de Ghislain.


Ghislain : Alors, je suis arrivé à… à Evian le 2 mai et en… chez moi à Margueron (a) le 8 mai. On… je… me suis… Le 8 mai, je me suis trouvé à… à… la Libération (b) sur le…la, la… enfin, le canton que dans lequel j’étais, c’est Sainte Foy la Grande (c). Euh, mais ensuite, nous avons quand même gardé contact avec tous les, les gars (1) avec qui on était, on était… en Autriche, on était un groupe de 200 et… on était par piaule (2), environ, de… une dizaine de, de gars. Mais nous sommes restés pendant un certain temps sans… sans correspondre, puis un jour un des chefs de, de groupe de ce moment-là, euh, nous a, nous a demandé si on voulait pas, de nouveau, euh, se rencontrer et… envoyer une invitation à chacun pour que, à un endroit précis, on se retrouve. Et c’est ce qu’on a fait, euh, combien de temps après ? Je sais… Je ne sais pas… Les premières, euh… peut-être 20 ans après, quoi, on s’est retrouvés, euh, ensemble, pour repenser à ce qu’on avait vécu tout étant là-bas en Allemagne. Et ça a continué jusqu’à ces temps-ci mais au fur et à mesure (3), bon, euh, les… beaucoup disparaissaient, quoi, mouraient soit de maladie, soit de… et finalement, la dernière rencontre qu’on a eue, nous étions, euh, que… je me rappelle plus, sept… huit, huit, oui je crois… Hein, combien on était ? [Il s’adresse à sa femme Marie-Thérèse !] Huit avec nos épouses [en plus]. C’est, c’est… Voilà, qu’on invitait chaque fois. D’ailleurs chaque fois qu’on faisait… on invitait les épouses en même temps, oui. Alors, le nombre de rencontres, je m’en rappelle pas (4), il faudrait que je regarde dans tous mes papiers pour dire exactement le… le nombre de rencontres qu’on a eues après, au retour d’Allemagne [sic : ici, Ghislain voulait dire « d’Autriche » !].
Gab : Et qu’est-ce que vous faites quand vous vous rencontrez, comment ça se passe ?
Ghislain : Quand on se rencontre, bon, ben, on discute sur… sur ce qu’on avait fait là-bas, ce qu’on en… la vie qu’on avait, qu’on menait là-bas et puis on fait… un repas en commun et puis on se retire après le repas chacun dans son foyer (5). Voilà.
Gab : D’accord.
Ghislain : Voilà.
Gab : Comment vous avez fait pour vous retrouver ?
Ghislain : Euh, alors, pour nous retrouver, ç’a été très simple. Le président qui avait la, la liste… enfin, le président, celui qui à ce moment-là nous… était président du groupe là-bas à Wiener Neuestadt a donné l’adresse à une dame qui était postière dans une… du côté de Bergerac et c’est elle, quand elle travaillait de nuit, qui a recherché tous les… enfin tous les gars qu’elle pouvait, euh, qu’elle, et puis elle donnait le, le nom et c’est elle qui a… qui a donné le nom au président qui envoyait le… des lettres d’invitation à chacun. Voilà.
Gab : Grâce à la Poste !
Ghislain : Par la Poste, par la Poste, oui, oui ! C’est comme ça qu’on s’est retrouvés parce que chacun avait évidemment, sortant de... d’Autriche, après avoir fait sa vie (6) chez… chacun dans son, dans son quartier ou dans sa ville… bon, ben c’était assez difficile pour se retrouver et c’est grâce à elle… qu’on a retrouvé à peu près 200, 200 personnes, à peu près tous. Quelques-uns d’ailleurs, quelques-uns n’ont pas voulu, n’ont jamais, n’ont pas voulu, euh, participer, n’ont pas répondu et bon, c’est, c’est, ils étaient libres ceux qui n’ont pas voulu, bé, ils sont restés chez eux, quoi.
Gab : Oui, il y en a qui ont refusé de…
Ghislain : Ah oui, oui, à Bergerac, là, il y en a plusieurs qui… jamais on les… que je connaissais très bien, qui étaient en piaules avec moi, que je connaissais très bien mais jamais ils n’ont voulu participer.


Remarques de prononciation, habitudes de langage :
Ghislain parle avec un accent du Sud-Ouest, vous n’avez pas pu ne pas le remarquer ! Comme je l’écrivais dans la première partie de son interview, il « roule les R », c’est-à-dire qu’il les prononce un peu comme dans les autres langues latines.
Vous pouvez observer ici aussi qu’il hésite et cherche souvent ses mots. Rassurez-vous, il ne perd pas du tout la tête ! C’est juste que ce sont des souvenirs qu’il ne raconte pas souvent et qu’il lui faut retrouver les faits et les dates. De plus, il était un peu impresionné par mon micro ce jour-là ! Cela s’appelle, comme pour les comédiens au théâtre, le « trac » !

Remarques culturelles :
a) Margueron = petit village du Sud-Ouest, à 85 kilomètres à l’est de Bordeaux environ.
b) la Libération = comme vous l’avez remarqué dans l’exercice, on désigne par ce terme la fin de l’occupation nazie en France ET la fin du régime de Vichy - n’oublions pas qu’une certaine frange de la population française a collaboré avec les Nazis et a participé aussi à la déportation des Juifs.
c) Sainte Foy la Grande = petite ville à 80 kilomètres à l’est de Bordeaux environ. C’est en effet le chef-lieu de canton pour le village de Margueron. C’est par exemple à Sainte Foy que les gens de Margueron vont faire leurs courses (au marché, dans les supermarchés et les boutiques) et que les adolescents vont maintenant au collège et au lycée.

Remarques de vocabulaire et de grammaire :
1) Un gars (pluriel des gars) =
un homme, mais le mot « gars » (même étymologie que « garçon ») est un peu plus familier, vous connaissez sans doute l’équivalent actuel : « mec ».
2) Une piaule = une chambre (mot familier).
3) Au fur et à mesure = progressivement.
4) Je m’en rappelle pas : normalement, le verbe « se rappeler » a une construction directe. Exemples : « Je me rappelle les vacances chez mes grands-parents Ghislain et Marie-Thérèse. » ou « Je me les rappelle ». Ghislain aurait dû dire ici : « Je ne me le rappelle pas » (le nombre) ou « Je ne me les rappelle pas » (les rencontres). Vous observerez aussi qu’il oublie le « ne ». Cela fait deux erreurs dans la même phrase ! Mais comme ce sont sans doute les deux erreurs de grammaire les plus répandues en français, il est excusable ! Et vous ne choquerez personne si vous faites ces erreurs ! L'erreur avec « se rappeler » vient de la confusion avec le verbe synonyme « se souvenir de… ». Exemples : « Je me souviens des vacances chez mes grands-parents Ghislain et Marie-Thérèse. » ou « Je m’en souviens ».
5) Le foyer = c’est à l’origine la « partie de la cheminée où on fait du feu ». Par extension, ce mot désigne la « maison », le « logement » d’une famille. Et il y a aussi un troisième sens plus général encore, celui de « famille nucléaire » (ou de « ménage », le couple et ses enfants s’il y en a).
6) Faire sa vie = mener sa vie, par exemple fonder une famille ou encore faire carrière, se consacrer à une passion, etc. Exemple : on dira : « Mon mari est japonais mais il fait sa vie en France »…

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