mercredi 19 novembre 2008

DOCUMENT DE COMPREHENSION ORALE pour le niveau B2+ (Ghislain) :

La vie de Ghislain pendant la guerre (2).




Ghislain a 86 ans. Il vit dans le Sud-ouest de la France et est retraité de l’agriculture. Pendant la seconde guerre mondiale, il a été réquisitionné pour le service du travail obligatoire (STO) et envoyé en Autriche. Si vous n’avez pas écouté la première partie de son interview, faites-le plutôt d’abord. La suite de son témoignage est également disponible.





Première partie

Troisième partie

Quatrième partie



DOCUMENT AUDIO (DEUXIÈME PARTIE):
Avant d’écouter ce document, lisez ces questions.


1) Sur quoi dormaient Ghislain et les autres prisonniers ?
2) Qu’est-ce qui les embêtait beaucoup pour dormir ?
3) Quelle était la première tâche de Ghislain à l’usine ?
4) Dans quel état d’esprit faisait-il ce premier travail ?
5) Quel a été le problème avec son second travail ?
6) Quelle a été la réaction du contremaître quand il a appris la profession de Ghislain ?
7) Dans quel type d’entreprise aurait dû être placé Ghislain ?
8) Que faisait Ghislain pour ralentir la cadence ?
9) En cas d’alerte, que faisaient les contremaîtres ?
10) Lors des alertes, où allaient en fait les prisonniers ?


Écoutez maintenant le document audio (2 minutes 39).








EXERCICE.
Pour chaque question, il y a une réponse correcte. Cochez-la. Et réécoutez le document en même temps si cela vous aide.



TRANSCRIPTION :
Après l’exercice, vous pouvez lire la transcription et les remarques pour mieux comprendre ce témoignage.


Gab : Alors comment ça se passait là-bas en Autriche ?
Ghislain : Euh, alors, euh… à l’usine, d’abord, d’abord nous avions, nous étions logés dans un baraquement (1) qui était pas tellement, très confortable, puisque, bon, c’était des châlits (2) en bois qu’on avait, avec simplement une couverture et… on était…
Gab : Pas de matelas ?
Ghislain : Pas de matelas ! Oh non, non, pas du tout ! On avait simplement un peu de paille (3) de… dessus pour se… s’étendre. Euh, ce qui… ce qu’on a… beaucoup, euh, ce qui nous a bien gênés souvent c’était les puces (4) et les punaises (5), parce que… on a eu des quantités de puces et de punaises. [Gab : Ouais.] Et alors, j’allais travailler à, à l’usine qui était à environ, de nos baraquement, deux kilomètres, deux kilomètres et demi. Là, moi, je… au début, j’ai nettoyé, on m’avait donné un aspirateur et je nettoyais les avions parce qu’on était, c’était une chaîne. Alors, je rentrais dans la cabine, avec mon aspirateur et j’en… j’aspirais toutes, les, le, le, toutes les saletés, quoi, qui avaient été, qui étaient à l’intérieur de, de la cabine. Alors, je passais d’un, d’un avion, à l’autre, euh, et, mais… j’allais très doucement parce que moins j’en faisais, mieux c’… je me portais, pour ce côté-là. Alors, euh, tout ça, ça a été le premier, ensuite, euh, on m’a mis à monter un, un tuyau dont je ne connaissais pas le… on m’avait fait voir comment il fallait le monter mais jamais, j’étais pas du tout mécanicien, je, je montais mon tuyau comme je pouvais. Alors le contremaître passait souvent à côté de moi et puis il me disait, euh, « gemma (6) » : « Vite ! Vite ! Travaille plus vite que ça ! ». Alors, je lui dis un jour que j’étais, euh, paysan (7), que j’étais pas… « Ah ! », il me dit, « Mein Gott ! Bauer ! (8) » Alors, il, il était abasourdi (9) parce qu’on m’avait envoyé dans… dans une usine d’aviation plutôt que de m’avoir mis dans un, chez un…
Gab : Chez un paysan !
Ghislain : Chez un paysan ! Alors, euh, je, je travaillais le moins possible, je ralentissais le plus possible dans le travail, j’étais plus souvent dans les waters (10), on s’enfermait dans les cabinets (10) pour éviter que, de, pour que le travail avance le moins vite possible. Et, euh, alors je suis resté là pendant, euh, oh, peut-être quatre ou cinq mois, et puis, on a, il a commencé à avoir des alertes alors à ce moment-là, quand il y avait des alertes, euh, les, les contremaîtres autrichiens qui étaient là avaient plus, encore plus peur que nous des bombardements alors, ils avaient, ils nous prévenaient (11), euh, dès que (12) la, la sirène sonnait, on le, on était prévenus et on, on mettait nos, nos sacs sur le dos et puis dès, dès que, on, la, la « Fliegeralarm (13) », ils appelaient ça la « Fliegeralarm », la « la « Fliegeralarm » était annoncée, alors à ce moment-là, poum (14), on passait la, la, la, le, à l’extérieur de la, de l’usine et on allait se réfugier (15) dans les bois (16), euh, à quelquefois quatre ou cinq kilomètres sur les hauteurs (17) autour de Wiener Neustadt. Et on revenait quand c’… la « Fliegeralarm » était passée, quoi ! Voilà.
Euh, qu’est-ce que je peux dire encore ?

Remarques de vocabulaire :
1) Un baraquement = un bâtiment provisoire ou rudimentaire, en bois.
2) Un châlit = le cadre d’un lit, son armature. C’est donc un lit très rudimentaire.
3) La paille = c’est l’ensemble des tiges des céréales quand le grain en a été enlevé : la paille s’utilise normalement pour les litières des animaux.
4) Une puce : ce n’est pas seulement un composant électronique, c’est aussi un petit insecte qui apprécie beaucoup normalement les poils des chats et des chiens et qui saute beaucoup… On peut être piqué ou mordu par une puce.
5) Une punaise : c’est un petit insecte à corps aplati et à l’odeur très désagréable.
6) « Gemma » : je ne parle pas allemand mais je me suis renseignée ! Il s'agit en fait d'un mot en dialecte autrichien, et non pas en allemand standard, qu'on utilise pour dire qu'il faudrait continuer, se dépêcher. Mais c’est ce que Ghislain explique juste après.
7) Un paysan = un agriculteur. Longtemps, ce mot a été jugé négatif mais depuis quelques années, certains agriculteurs essaient de le réhabiliter, en particulier grâce à l’action de la « confédération paysanne », un syndicat agricole très actif qui s’est beaucoup développé dernièrement. C’est maintenant le second syndicat agricole en France. Vous avez peut-être entendu parler de son ancien leader, José Bové.
8) « Mein Gott ! Bauer ! » = en allemand : « Mon Dieu ! Un paysan ! ».
9) Abasourdi = très étonné, très surpris, stupéfait.
10) Les waters = les cabinets = les toilettes. Mais ces deux mots ont un peu tendance à se démoder.
11) Prévenir = (ici) informer, alerter, avertir. Ce verbe peut aussi signifier « anticiper ».
12) Dès que = aussitôt que.
13) « Fliegeralarm » = mot allemand qui signifie « alerte aérienne ».
14) Poum = une onomatopée qui peut être utilisée, comme ici, le caractère soudain et rapide d’une action. Mais la plupart du temps, « poum », comme « boum » est une onomatopée servant à évoquer une explosion. Ce n’est pas le cas ici, même si on parle de bombardements.
15) Se réfugier = se mettre à l’abri.
16) Dans les bois = dans la forêt.
17) Sur les hauteurs = sur les collines.

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